Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
Salut, nous sommes deux amis, deux rêveurs, deux rebelles, deux hommes qui, malgré tout, croient encore. Nous ne sommes pas musiciens. Notre parcours, vous le connaissez bien, peut-être qu’il vous appartient et nous sommes heureux que d’une façon ou d’une autre il ait suscité de l’intérêt. Nous n’avons pas de visage, pas de nom, nous ne cherchons pas de visibilité. C’est précisément cela, qui, au fil du temps nous a épuisé, divisé et créé des déceptions. Nous avons hâte que le message se diffuse, que la flamme de l’espérance se rallume dans le coeur de ceux qui luttent. À cette poignée, cette poignée de damnés, qui, bien que dans l’ombre, croient encore. C’est pour eux que nous chantons. Nous avons le devoir de poursuivre notre route malgré ceux qui nous voudraient vaincus et morts. Nous ressentons le besoin de redevenir Famille, Communauté de but et de destin. Ça nous apparait indispensable. Peut-être est-ce anachronique, en contraste avec l’époque ; nous chantons les années passées, des histoires vécues par d’autres. Pourtant ces histoires nous ont marqué, vu grandir et donné la possibilité d’être ici avec vous et d’en parler. C’est proprement grâce à ces notes de musique que nombre d’entre-nous parviennent à se dépasser, à aller toujours de l’avant. Grâce à ces chansons et aux émotions qu’elles transmettent, nous sommes toujours ici à crier plus fort.
Pourquoi le choix de ce nom « Il vespro » ?
Les vêpres correspondent à l’heure du coucher de soleil ; c’est l’heure canonique ou le soleil disparait. C’est dire les choses telles qu’elles le sont, parler clairement, gronder durement. C’est la dernière lueur avant le noir, le néant, les ténèbres. Conçu comme un état d’esprit, comme un style de non-vie. Nous vivons un moment historique ou les idées semblent s’écrouler. L’heure n’est plus aux rêves, aux valeurs, aux vertus, à la vie. Et ce n’est pas à nous de vous dire pourquoi. Un jour, quelqu’un à qui je suis attaché m’a dit : ” Tu sentiras vraiment que tu as échoué lorsque tu auras cessé de faire rêver tes proches.” Le temps et d’absurdes circonstances ont fait que j’ai perdu contact avec cette personne. Souvent je repense à cette phrase. Nous ne pouvons pas permettre aux ténèbres de gagner. Par ténèbres nous entendons la fin de notre lutte. Nous comprenons ceux qui pensent qu’il est juste d’abandonner les batailles du passé. Nous comprenons qu’il peut y avoir des parenthèses dans une vie, que l’on puisse se tromper, s’égarer. Par déception ou colère il peut arriver que l’on fasse des choses qui ne nous appartiennent pas. Il est important de revenir sur ses propres pas, de chercher au fond de soi et de se souvenir de nos promesses autour du feu. Les vêpres représentent ceci. La dernière possibilité, la dernière espérance d’une vie nouvelle, d’une nouvelle force, d’une victoire plus grande. Nos déceptions, notre rage, nos envies peuvent bien aller se faire foutre. Pour le bien de la terre, nous ne pouvons pas nous le permettre, pour ceux qui ont versé leur sang et pour les fils de demain. Les vêpres c’est la volonté de continuer la lutte par tous les moyens et à n’importe quel coût.
Pourquoi faites-vous le choix de reprendre des classiques de la scène nationaliste italienne ? Avez-vous pour projet d’écrire vos propres textes ?
Nous pensons qu’il y a eu un grand pas en avant dans la scène musicale non conforme ces dernières années. Un pas en avant en terme de thèmes abordés, de langages et de musicalités. Des textes et des chansons mieux adaptés à notre époque. Nous pensons que c’était juste et nous pensons avoir suffisamment élargi le mégaphone et les interlocuteurs. Nous nous sommes réapproprié des scènes et des espaces que, des années durant, ceux qui nous ont précédé n’auraient pas pu se permettre. Nous en avons approché beaucoup avec ce modèle plus léger et vigoureux. Nous en avons aussi perdu certains ; peut-être plus fascinés par le style que par l’idée. Pas disposés au militantisme, dans le sens le plus pur et le plus cru du terme. En revanche, ceux qui continuent à se damner sur le chemin à suivre sont précisément ceux qui ont à l’esprit ce qu’ils sont. Ce qu’il nous est demandé aujourd’hui n’est rien comparé à ce qu’il s’est fait dans le passé. Nous avons sûrement d’autres ennemis, plus subtils et nous n’avons pas souvent la possibilité d’un confrontation avec nos ennemis. Nous n’avons donc pas l’honneur des armes. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous perdre. Nous pensons que reprendre ces textes, proposer à nouveau aujourd’hui ces chansons ne peut que faire du bien. À ceux qui pensent être brûlés par les vicissitudes, pour ne pas les endormir, pour renforcer les liens entre ceux qui n’ont jamais vacillé. Nous ne pensons pas écrire nos propres textes pour le moment. Mais ne jamais dire jamais…
La plupart de vos auditeurs vous ont découvert sur YouTube. Envisagez-vous de vous produire en live ?
Nous ne sommes pas partis avec cette idée, si par live vous entendez participer à un concert organisé. Nous souhaitons remettre à l’honneur les chansons qui représentent l’histoire de notre répertoire musical de jeunesse. Ces chansons que nous avons tous écouté chez un camarade ou autour d’un feu en montagne. Toujours avec l’idée et la volonté de provoquer ces moments et dépersonnaliser la spontanéité de ce projet qui appartient à tous.
D’autres reprises à prévoir bientôt ?
Bien-sûr ! Nous enregistrons à coût zéro ; un portable, une guitare et deux voix. Nous pensons que certaines choses devraient revenir à la simplicité, qu’elles devraient être l’apanage de chacun à tout moment. S’il y a trop d’obstacles, il devient difficile de se trouver des moments goliardiques et communautaires entre amis. Nous prévoyons de continuer dans cette voie. Merci les gars !